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07/10/2011

En hommage à la mémoire de Steve Jobs – Son discours de 2005 à Stanford .

http://www.freerepublic.com/focus/chat/1422863/posts

Une belle traduction d’Anne DAMOUR :

steve-jobs-stanford

« C’est un honneur de me trouver parmi vous aujourd’hui et d’assister à une remise de diplômes dans une des universités les plus prestigieuses du monde. Je n’ai jamais terminé mes études supérieures. A dire vrai, je n’ai même jamais été témoin d’une remise de diplômes dans une université. Je veux vous faire partager aujourd’hui trois expériences qui ont marqué ma carrière. C’est tout. Rien d’extraordinaire. Juste trois expériences.

« Pourquoi j’ai eu raison de laisser tomber l’université »

La première concerne les incidences imprévues. J’ai abandonné mes études au Reed Collège au bout de six mois, mais j’y suis resté auditeur libre pendant dix-huit mois avant de laisser tomber définitivement. Pourquoi n’ai-je pas poursuivi ?

Tout a commencé avant ma naissance. Ma mère biologique était une jeune étudiante célibataire, et elle avait choisi de me confier à des parents adoptifs. Elle tenait à me voir entrer dans une famille de diplômés universitaires, et tout avait été prévu pour que je sois adopté dès ma naissance par un avocat et son épouse. Sauf que, lorsque je fis mon apparition, ils décidèrent au dernier moment qu’ils préféraient avoir une fille. Mes parents, qui étaient sur une liste d’attente, reçurent un coup de téléphone au milieu de la nuit : « Nous avons un petit garçon qui n’était pas prévu. Le voulez-vous ? » Ils répondirent : « Bien sûr. » Ma mère biologique découvrit alors que ma mère adoptive n’avait jamais eu le moindre diplôme universitaire, et que mon père n’avait jamais terminé ses études secondaires. Elle refusa de signer les documents définitifs d’adoption et ne s’y résolut que quelques mois plus tard, quand mes parents lui promirent que j’irais à l’université.

Dix-sept ans plus tard, j’entrais donc à l’université. Mais j’avais naïvement choisi un établissement presque aussi cher que Stanford, et toutes les économies de mes parents servirent à payer mes frais de scolarité. Au bout de six mois, je n’en voyais toujours pas la justification. Je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire dans la vie et je n’imaginais pas comment l’université pouvait m’aider à trouver ma voie. J’étais là en train de dépenser tout cet argent que mes parents avaient épargné leur vie durant. Je décidai donc de laisser tomber. Une décision plutôt risquée, mais rétrospectivement c’est un des meilleurs choix que j’aie jamais faits. Dès le moment où je renonçais, j’abandonnais les matières obligatoires qui m’ennuyaient pour suivre les cours qui m’intéressaient.

Tout n’était pas rose. Je n’avais pas de chambre dans un foyer, je dormais à même le sol chez des amis. Je ramassais des bouteilles de Coca-Cola pour récupérer le dépôt de 5 cents et acheter de quoi manger, et tous les dimanches soir je faisais 10 kilomètres à pied pour traverser la ville et m’offrir un bon repas au temple de Hare Krishna. Un régal. Et ce que je découvris alors, guidé par ma curiosité et mon intuition, se révéla inestimable à l’avenir. Laissez-moi vous donner un exemple : le Reed Collège dispensait probablement alors le meilleur enseignement de la typographie de tout le pays. Dans le campus, chaque affiche, chaque étiquette sur chaque tiroir était parfaitement calligraphiée. Parce que je n’avais pas à suivre de cours obligatoires, je décidai de m’inscrire en classe de calligraphie. C’est ainsi que j’appris tout ce qui concernait l’empattement des caractères, les espaces entre les différents groupes de lettres, les détails qui font la beauté d’une typographie. C’était un art ancré dans le passé, une subtile esthétique qui échappait à la science. J’étais fasciné.

Rien de tout cela n’était censé avoir le moindre effet pratique dans ma vie. Pourtant, dix ans plus tard, alors que nous concevions le premier Macintosh, cet acquis me revint. Et nous l’incorporâmes dans le Mac. Ce fut le premier ordinateur doté d’une typographie élégante. Si je n’avais pas suivi ces cours à l’université, le Mac ne possèderait pas une telle variété de polices de caractères ni ces espacements proportionnels. Et comme Windows s’est borné à copier le Mac, il est probable qu’aucun ordinateur personnel n’en disposerait. Si je n’avais pas laissé tomber mes études à l’université, je n’aurais jamais appris la calligraphie, et les ordinateurs personnels n’auraient peut-être pas cette richesse de caractères. Naturellement, il était impossible de prévoir ces répercussions quand j’étais à l’université. Mais elles me sont apparues évidentes dix ans plus tard.

On ne peut prévoir l’incidence qu’auront certains évènements dans le futur ; c’est après coup seulement qu’apparaissent les liens. Vous pouvez seulement espérer qu’ils joueront un rôle dans votre avenir. L’essentiel est de croire en quelque chose – votre destin, votre vie, votre karma, peu importe. Cette attitude a toujours marché pour moi, et elle a régi ma vie.

« Pourquoi mon départ forcé d’Apple fut salutaire »

Ma deuxième histoire concerne la passion et l’échec. J’ai eu la chance d’aimer très tôt ce que je faisais. J’avais 20 ans lorsque Woz [Steve Wozniak, le co-fondateur d’Apple N.D.L.R.] et moi avons créé Apple dans le garage de mes parents. Nous avons ensuite travaillé dur et, dix ans plus tard, Apple était une société de plus de 4 000 employés dont le chiffre d’affaires atteignait 2 milliards de dollars. Nous venions de lancer un an plus tôt notre plus belle création, le Macintosh, et je venais d’avoir 30 ans.

C’est alors que je fus viré. Comment peut-on vous virer d’une société que vous avez créée ? C’est bien simple, Apple ayant pris de l’importance, nous avons engagé quelqu’un qui me semblait avoir les compétences nécessaires pour diriger l’entreprise à mes côtés et, pendant la première année, tout se passa bien. Puis nos visions ont divergé, et nous nous sommes brouillés. Le conseil d’administration s’est rangé de son côté. C’est ainsi qu’à 30 ans je me suis retrouvé sur le pavé. Viré avec perte et fracas. La raison d’être de ma vie n’existait plus. J’étais en miettes.

Je restais plusieurs mois sans savoir quoi faire. J’avais l’impression d’avoir trahi la génération qui m’avait précédé – d’avoir laissé tomber le témoin au moment où on me le passait. C’était un échec public, et je songeais même à fuir la Silicon Valley. Puis j’ai peu à peu compris une chose – j’aimais toujours ce que je faisais. Ce qui m’était arrivé chez Apple n’y changeait rien. J’avais été éconduit, mais j’étais toujours amoureux. J’ai alors décidé de repartir de zéro.

Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, mais mon départ forcé d’Apple fut salutaire. Le poids du succès fit place à la légèreté du débutant, à une vision moins assurée des choses. Une liberté grâce à laquelle je connus l’une des périodes les plus créatives de ma vie.

Pendant les cinq années qui suivirent, j’ai créé une société appelée NeXT et une autre appelée Pixar, et je suis tombé amoureux d’une femme exceptionnelle qui est devenue mon épouse. Pixar, qui allait bientôt produire le premier film d’animation en trois dimensions, Toy Story , est aujourd’hui la première entreprise mondiale utilisant cette technique. Par un remarquable concours de circonstances, Apple a acheté NeXT, je suis retourné chez Apple, et la technologie que nous avions développée chez NeXT est aujourd’hui la clé de la renaissance d’Apple. Et Laurene et moi avons fondé une famille merveilleuse.
Tout cela ne serait pas arrivé si je n’avais pas été viré d’Apple. La potion fut horriblement amère, mais je suppose que le patient en avait besoin. Parfois, la vie vous flanque un bon coup sur la tête. Ne vous laissez pas abattre. Je suis convaincu que c’est mon amour pour ce que je faisais qui m’a permis de continuer. Il faut savoir découvrir ce que l’on aime et qui l’on aime. Le travail occupe une grande partie de l’existence, et la seule manière d’être pleinement satisfait est d’apprécier ce que l’on fait. Sinon, continuez à chercher. Ne baissez pas les bras. C’est comme en amour, vous saurez quand vous aurez trouvé. Et toute relation réussie s’améliore avec le temps. Alors, continuez à chercher jusqu’à ce que vous trouviez.

« Pourquoi la mort est la meilleure chose de la vie »

Ma troisième histoire concerne la mort. A l’âge de 17 ans, j’ai lu une citation qui disait à peu près ceci :
« Si vous vivez chaque jour comme s’il était le dernier, vous finirez un jour par avoir raison. » Elle m’est restée en mémoire et, depuis, pendant les trente-trois années écoulées, je me suis regardé dans la glace le matin en me disant : « Si aujourd’hui était le dernier jour de ma vie, est-ce que j’aimerais faire ce que je vais faire tout à l’heure ? » Et si la réponse est non pendant plusieurs jours à la file, je sais que j’ai besoin de changement.

Avoir en tête que je peux mourir bientôt est ce que j’ai découvert de plus efficace pour m’aider à prendre des décisions importantes. Parce que presque tout – tout ce que l’on attend de l’extérieur, nos vanités et nos fiertés, nos peurs de l’échec – s’efface devant la mort, ne laissant que l’essentiel. Se souvenir que la mort viendra un jour est la meilleure façon d’éviter le piège qui consiste à croire que l’on a quelque chose à perdre. On est déjà nu. Il n’y a aucune raison de ne pas suivre son cœur.

Il y a un an environ, on découvrait que j’avais un cancer. A 7 heures du matin, le scanner montrait que j’étais atteint d’une tumeur au pancréas. Je ne savais même pas ce qu’était le pancréas. Les médecins m’annoncèrent que c’était un cancer probablement incurable, et que j’en avais au maximum pour six mois. Mon docteur me conseilla de rentrer chez moi et de mettre mes affaires en ordre, ce qui signifie : « Préparez-vous à mourir. » Ce qui signifie dire à ses enfants en quelques mois tout ce que vous pensiez leur dire pendant les dix prochaines années. Ce qui signifie essayer de faciliter les choses pour votre famille. En bref, faire vos adieux.

J’ai vécu avec ce diagnostic pendant toute la journée. Plus tard dans la soirée, on m’a fait une biopsie, introduit un endoscope dans le pancréas en passant par l’estomac et l’intestin. J’étais inconscient, mais ma femme, qui était présente, m’a raconté qu’en examinant le prélèvement au microscope, les médecins se sont mis à pleurer, car j’avais une forme très rare de cancer du pancréas, guérissable par la chirurgie. On m’a opéré et je vais bien.

Ce fut mon seul contact avec la mort, et j’espère qu’il le restera pendant encore quelques dizaines d’années. Après cette expérience, je peux vous le dire avec plus de certitude que lorsque la mort n’était pour moi qu’un concept purement intellectuel : personne ne désire mourir. Même ceux qui veulent aller au ciel n’ont pas envie de mourir pour y parvenir. Pourtant, la mort est un destin que nous partageons tous. Personne n’y a jamais échappé. Et c’est bien ainsi, car la mort est probablement ce que la vie a inventé de mieux. C’est le facteur de changement de la vie. Elle nous débarrasse de l’ancien pour faire place au neuf. En ce moment, vous représentez ce qui est neuf, mais un jour vous deviendrez progressivement l’ancien, et vous laisserez la place aux autres. Désolé d’être aussi dramatique, mais c’est la vérité.

Votre temps est limité, ne le gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre. Ne soyez pas prisonnier des dogmes qui obligent à vivre en obéissant à la pensée d’autrui. Ne laissez pas le brouhaha extérieur étouffer votre voix intérieure. Ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition. L’un et l’autre savent ce que vous voulez réellement devenir. Le reste est secondaire.

Dans ma jeunesse, il existait une extraordinaire publication The Whole Earth Catalog , l’une des bibles de ma génération. Elle avait été fondée par un certain Stewart Brand, non loin d’ici, à Menlo Park, et il l’avait marquée de sa veine poétique. C’était à la fin des années 1960, avant les ordinateurs et l’édition électronique, et elle était réalisée entièrement avec des machines à écrire, des paires de ciseaux et des appareils Polaroid. C’était une sorte de Google en livre de poche, trente-cinq ans avant la création de Google. Un ouvrage idéaliste, débordant de recettes formidables et d’idées épatantes.

Stewart et son équipe ont publié plusieurs fascicules de The Whole Earth Catalog . Quand ils eurent épuisé la formule, ils sortirent un dernier numéro. C’était au milieu des années 1970, et j’avais votre âge. La quatrième de couverture montrait la photo d’une route de campagne prise au petit matin, le genre de route sur laquelle vous pourriez faire de l’auto-stop si vous avez l’esprit d’aventure. Dessous, on lisait :
« Soyez insatiables. Soyez fous. » C’était leur message d’adieu. Soyez insatiables. Soyez fous. C’est le vœu que j’ai toujours formé pour moi. Et aujourd’hui, au moment où vous recevez votre diplôme qui marque le début d’une nouvelle vie, c’est ce que je vous souhaite.
Soyez insatiables. Soyez fous.
Merci à tous.
»

Stay Hungry - Stay Foolish"

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21/09/2011

Découvrir la programmation, de façon ludique

Actuellement, de nombreux langages de programmation visuels font jour, possédant des interfaces intuitives. Ils s'adressent à de jeunes enfants, ou à des adolescents. Voire aux enseignants eux-mêmes !

Voici une petite liste de logiciels gratuits permettant de se remettre à programmer :

- Scratch est un langage visuel dont les capacités sont grandes : lire notre article.

- Small Basic est un basic créé par Microsoft, que je vous recommande particulièrement.

- Alice permet de réaliser de petits films avec un goût de programmation orientée objet.

La suite sur http://profgeek.fr/la-programmation-revient-en-force/

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07/08/2011

Interstices - La modélisation des procédés biologiques de dépollution

L'activité humaine conduit au rejet dans la nature de grandes quantités d'éléments chimiques, nuisibles en général, mais qui constituent une nourriture de choix pour les micro-organismes. Ces micro-organismes se développent alors, parfois de façon excessive. Le principe de la dépollution biologique est simple : il consiste à faire comme la nature, mais de façon contrôlée, en utilisant la modélisation.

Certes, il est très difficile de modéliser le processus de dépollution. D'autant plus difficile que des pressions accrues s'exercent sur la recherche, pour qu'elle obtienne des résultats à court terme.

Pour en avoir une idée, transportons-nous au début d'un XVIIe siècle imaginaire et anachronique, mais terriblement plausible.

La suite à lire sur cette page :

http://interstices.info/jcms/c_18128/la-modelisation-des-...

(article complet, repris partiellement ci-dessous, après le commentaire )

Les risques induits par une polarisation des budgets de recherche sur des applications et la production de brevets

C’est très simple : sous prétexte de compétition, il devient plus probable de passer à côté de véritables découvertes, donc de retarder les bonnes solutions et de faire perdurer les mauvaises solutions, car à l’évidence, étant moins bonnes, elles auront couté beaucoup plus cher !

Prenons le cas des OGM et évitons de nous poser les questions habituelles de leur dangerosité qui occulte cet autre aspect qui repose sur le bon sens : en implantant une fonctionnalité dans une plante, on répond à un et unique besoin déjà satisfait par des méthodes classique et mis en avant pour des raisons de gain productivité à court terme; il n’y a pas d’innovation à proprement parlé si ce n’est à la marge (plante qui consomme moins d’eau par ex); en aucun on ne change les comportements humains de base, ni ne fait-on face à des menaces plus globales, plus lourdes de conséquences, comme une évolution du moyenne du climat de +2°. En revanche le maintien d’agricultures traditionnelle, qui brasse des multitudes de pratiques et un spectre plus larges de produits, sans parler de la nature et de sa biodiversité qui offre un réservoir de possibilités inexploitées encore plus grand, si on ne le détruit pas, présentent de façon évidente des capacités d’adaptation plus lentes mais aussi plus larges et plus sûres (les interventions trop rapides de l’homme, pour corriger les erreurs précédentes accroissent les risques de déstabilisation des chaînes d’écosystèmes, et donc mettent en péril notre propre environnement, donc nos vies) !

Revenons à la modélisation des procédés biologique de dépollution et à l’article. On pourra y voir qu’en dépit des difficultés soulevées, ‘à toutes choses malheur est bon”, il y a un aspect intéressant dans ces recherches appliquées, c’est celui de l’amélioration des instruments de mesure, étape indispensable pour faire évoluer la science  non appliquée ! Qu’on en juge  :

Suite ARTICLE

[…]

Que cherchons-nous à modéliser ?

La modélisation d'un phénomène consiste à le réduire aux lois mathématiques qui en rendent compte, par exemple la conservation de la masse, la loi de la gravitation, la loi des gaz parfaits. Ces lois se traduisent en équations qui autrefois étaient « résolues » à la main et maintenant le sont grâce à des ordinateurs de plus en plus puissants. C'est par exemple ce qui est fait dans les modèles physico-chimiques du réchauffement climatique. Mais il y a d'énormes difficultés à faire entrer dans les modèles les composantes biologiques d'un problème. C'est que, dans la plupart des cas, les « équations du vivant » ne sont pas connues. Et c'est en grande partie le cas dans le traitement biologique des eaux usées.

Les eaux usées contiennent en quantités parfois très importantes des éléments chimiques produits par l'activité humaine, comme les phosphates et les nitrates. Rejetés dans la nature, ils sont considérés comme nuisibles, mais constituent une nourriture de choix pour les micro-organismes qui se développent alors de façon excessive dans les lacs, les rivières, les bordures des mers, au détriment de formes de vie plus complexes qui peuvent avoir un intérêt économique important. Le principe de la dépollution biologique est simple. Il consiste à faire comme la nature, mais de façon contrôlée, c'est-à-dire à faire croître les micro-organismes indésirables dans un espace confiné, comme le bassin d'une station d'épuration.

La modélisation d'un procédé de dépollution biologique repose donc essentiellement sur les lois de croissance des micro-organismes. Que savons-nous à ce sujet ?

De la croissance des populations de micro-organismes…

Les micro-organismes unicellulaires consomment des espèces chimiques dont ils tirent l'énergie (éventuellement avec l'aide de la lumière dans le mécanisme de la photosynthèse) et la matière nécessaires à leur croissance, qui se termine par une division cellulaire. On appelle substrat ces ressources nutritives provenant de la pollution. Comprendre les relations entre les quantités de substrat absorbées et les vitesses de croissance est capital mais impossible à réaliser au niveau individuel. Comment mesurer l'accroissement de la masse d'une bactérie de la taille d'un micron ? C'est ici qu'interviennent les modèles de la dynamique des populations.

En faisant l'hypothèse, très raisonnable, que tous les individus d'une même espèce sont pratiquement identiques et l'hypothèse, plus problématique, nous y reviendrons, que tous les individus ont un accès identique aux ressources nutritives, on peut remplacer la mesure de la croissance d'un individu par la mesure de la croissance de toute une population. Ainsi, en déposant quelques individus sur un gel, on peut observer à l'œil nu le développement de la colonie sous la forme d'une tache de plus en plus grosse.

Pour identifier efficacement les paramètres d'un modèle de croissance des micro-organismes, compte-tenu de la quantité de substrat disponible, des chercheurs, Jacques Monod d'une part et Aaron Novick et Leo Szilard d'autre part, ont mis au point un dispositif expérimental appelé chémostat. Ce dispositif fonctionne comme un « réacteur » alimenté par un liquide contenant le substrat en concentration constante. Dans le réacteur, supposé « parfaitement homogène », les micro-organismes consomment le substrat et le volume est maintenu constant grâce à un débit sortant égal au débit d'entrée.

Schéma de principe du chémostat.

À ce dispositif expérimental correspond un modèle mathématique de l'accroissement relatif de la quantité de micro-organismes. La quantité de micro-organismes présents dans le volume à chaque instant est notée X. Le « taux de croissance » des micro-organismes (leur croissance rapportée à leur masse totale) est une fonction de la quantité de substrat disponible, notée S. Cette fonction est appelée « modèle de Monod ».

[…]

… aux procédés de traitement des eaux

Un réacteur de dépollution.

En première approximation, un procédé de traitement des eaux ne serait qu'un « gros » chémostat. Par conséquent, le modèle qui a donné de bons résultats pour comprendre la croissance d'une population isolée dans les conditions du laboratoire sera extrapolé sans vergogne à tout l'écosystème microbien en place dans un réacteur de dépollution.

Ainsi, le substrat sera considéré dans son ensemble, toutes espèces chimiques confondues. De même, l'ensemble des micro-organismes présents dans le réacteur, toutes espèces confondues, sera appelé biomasse. La concentration de biomasse naturelle, mélangée à la pollution et présente à l'entrée du procédé, sera également mesurée. La variation du substrat sera alors considérée comme égale à la quantité de substrat qui entre dans le réacteur, moins ce qui en sort, moins ce qui est consommé par la biomasse. La variation de biomasse, quant à elle, sera considérée comme égale à la quantité de biomasse qui entre dans le réacteur, plus la quantité de substrat consommée par la biomasse dans le réacteur, moins la quantité de biomasse qui sort du réacteur. La quantité de substrat consommée est calculée par une fonction qui décrit le taux de croissance de la biomasse, il peut s'agir d'un modèle de Monod, mais pas nécessairement.

[…]

Trouver les bonnes équations : la modélisation qualitative

[…]

Une nouvelle piste : la ratio-dependence

[…]

La ratio-dépendance dans les modèles de compétition

[…]

La démonstration expérimentale, solution de tous les problèmes ?

La démonstration expérimentale de la ratio-dépendance sera-t-elle la solution de tous les problèmes de dépollution biologique ?

On se doute bien que non ! Finalement, un réacteur biologique de dépollution est un écosystème d'une inimaginable complexité. Des centaines d'espèces ayant des fonctions différentes sont présentes. Certainement, aucun des deux modèles que nous venons d'évoquer à propos de la ratio-dependence, que ce soit la chaîne trophique, organisation purement verticale, ou la compétition pour une ressource, organisation purement horizontale, ne reflète à lui seul correctement la réalité.

En réalité, les niveaux trophiques ne sont pas nettement séparés (un prédateur en compétition avec un autre sur une ressource peut aussi être un prédateur de ce prédateur), certaines espèces produisent des molécules qui peuvent être consommées par d'autres, loin d'être des individus mobiles et isolés, les bactéries s'organisent et fabriquent des biofilms, sortes de matrices à l'intérieur desquelles elles circulent. Et puis, nous n'avons pas parlé des virus qui viennent compliquer la donne. Enfin ces cellules, qui certes ne sont pas des êtres vivant au Q.I. très développé, sont quand même munies de moyens de communication.

Nous sommes décidément bien loin du modèle du chémostat et de quelques avatars plus ou moins complexes. Nous pourrions continuer à développer longtemps cette vision et alimenter ainsi le double discours pessimiste auquel nous sommes souvent confrontés. Celui des mathématiciens : « toutes ces choses sont belles et fascinantes, mais bien trop compliquées pour que nous puissions en dire quoi que ce soit de mathématiquement propre » et celui des biologistes : « votre modèle est simpliste, il ne tient pas compte de tel fait capital ».

À ce pessimisme, nous opposons invariablement les quelques arguments qui nourrissent notre optimisme.

  • Faire un modèle d'un procédé de traitement des eaux, ce n'est pas faire un modèle qui répondra à toutes les questions de biologie et d'écologie théorique, mais plus modestement, aider à répondre à quelques questions concrètes comme : « pour tel procédé, est-il préférable de travailler avec un seul réacteur ou deux réacteurs en cascade ? »
  • C'est une évidence de dire que c'est parce qu'ils développent des instruments nouveaux d'observation des écosystèmes microbiens que les microbiologistes peuvent nous parler de leur complexité. Mais ces instruments (SSCP definition, etc.), même s'ils sont encore très imparfaits, permettent de suivre l'évolution de certains écosystèmes en continu et en laboratoire. C'est une situation très nouvelle en écologie théorique. On peut penser qu'elle sera féconde.
  • Il est maintenant possible de faire des modèles de petits écosystèmes, où chaque cellule est représentée individuellement avec la liste de ses attributs fonctionnels et de faire tourner l'ordinateur pour en obtenir une simulation. La difficulté est d'interpréter correctement les résultats de la simulation. Des équipes y travaillent et elles progressent.
  • Nul n'est à l'abri d'une bonne surprise. Peut-être qu'un changement radical de point de vue éclairera considérablement le paysage.

À vrai dire, si nous devions avoir quelque pessimisme, il viendrait plutôt des conditions dans lesquelles la recherche s'exerce de nos jours. Nous avons montré à quel point notre travail, dont la finalité est on ne peut plus concrète, dépend de façon cruciale d'avancées de ce qu'on appelle la recherche fondamentale. Il est probablement bon de le répéter car, aujourd'hui, au nom de la « demande sociale », la science semble devoir massivement s'orienter vers la recherche appliquée, ou à la rigueur rester fondamentale, mais certainement jamais les deux à la fois, alors que ces deux aspects ne vont pas l'un sans l'autre. Chaque époque a ses obscurantismes.

Pour en savoir plus, nous vous proposons quelques références d'articles scientifiques en savoir plus.

14:00 Publié dans A quoi ça sert, Biologie, Math | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | | |  Imprimer