13/03/2012
ECOLE : Penser à enseigner comment penser le futur
Quelques réactions à la lecture de cet article
“Penser, en enseignant, à travailler avec les élèves : comment penser le futur...”
de
http://www.profencampagne.com/.
En fin de texte, rajouté 2 jours plus tard, mon changement radical de point de vue et de nouvelles perspectives.
Ci-après, en gras le texte original repris suivi de mon commentaire au débotté :
Une véritable culture de l’accompagnement au « projet » est à mettre en œuvre collectivement dans une Ecole métamorphosée.
Si on ne s’irrite pas trop des tournures utilisée, on ne peut qu’adhérer à l’idée.
Deux questions se posent "A partir de quel âge ?" et “De quelle façon”.
Les précisions viendront dans la 2e partie du texte.
Pour l’âge c’est la 6e à la 2e, ce qui me rend un peu sceptique; il me semble qu’ à partir de la 3e ce n’est déjà pas si évident.
Pour les façons, j’ai le sentiment que l’auteur n’est pas fidèle à ses objectifs, nous verrons dans le détail pourquoi selon moi il trahit ses propres idées.
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l’élève doit pouvoir avoir une vision précise de ses compétences et de ses potentialités […] Ce bilan peut permettre à l’élève, en cas de distorsion entre ses souhaits et ses capacités présentes, d’envisager une remédiation ciblée (en langues, expression écrite, etc.). Il doit pouvoir opérer en permanence des ajustements entre ce qu’il maîtrise et ce qu’il vise
L’objectif est tout à fait louable. Il répond à un besoin de tout élève. Il présuppose toutefois que ce dernier ne prenne pas le chemin le plus spontané : “rechigner à la moindre difficulté et zapper pour ne pas dire laisser tomber ou rêvasser”
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l’élève doit pouvoir se projeter dans le futur. C’est une préoccupation enseignante peu développée. […] les projets pédagogiques sont très rarement ancrés dans le futur, et […] même des pratiques innovantes sont pensées dans et pour l’école, donc dans un cadre défini, alors même que les finalités civiques visées sont un futur à construire.
L'idée et la critique induite sont tout à fait fécondes.
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l’élève doit pouvoir aussi se projeter dans le monde. Le problème est que l'école est fermée sur elle-même. Une ouverture vers le monde économique semble une piste importante. […] l'entreprise […] est aussi et surtout un maillage de PME/PMI riches d'expériences, de créativité, d'enthousiasme! D'humanité et d'humanisme...
C'est évident, mais pas suffisant. A mon sens l'ouverture vers l’entreprise doit être la plus large possible, et complétée des enjeux géopolitiques ou politiques. Un peu à la façon du “Dessous des cartes” de Jean-Christophe VICTOR (le fils de l’explorateur). Mais on doit surtout faire découvrir comment les entrepreneurs entreprennent – non en théorie- mais dans la pratique !
Ainsi, « l’orientation » - comme il est dit de manière elliptique - doit être un temps de découverte, un moment structuré par un projet pédagogique. Cela peut, par exemple, revêtir la forme d’un projet artistique (écriture et représentation d’une pièce de théâtre, tournage vidéo), de la conception d’outils de communication sur les métiers (reportage sur des branches professionnelles méconnues, interviews de professionnels, enquêtes), d’un journal… Ainsi, les élèves s’approprient le projet en tant qu’acteurs et non spectateurs/consommateurs d’une « orientation » qui leur serait proposée de l’extérieur.
Là, on est plus dans les aspirations de l'air du temps que les besoins réels, tels qu’ils ont été cernés dans les 3 objectifs qui précèdent ! Il est vrai, le sous entendu de cette forme d’orientation est que la solution ne peut être que collective, c’était dit dès la 1e phrase, mais c'est assurément là où le bas blesse. L'inadaptation de l'école d'aider l'élève à satisfaire ses besoins individuels en matière de projet tient à la contrainte d’un solution collective pour répondre à des besoins profondément individuels. C’est là une première erreur dans le raisonnement suivi !
Le rôle central de la technologie
Cette discipline devra jouer un rôle charnière dans la construction que les élèves ont à avoir de la pluralité des métiers d’aujourd’hui et du futur :
- en permettant une réelle découverte des métiers du XXIème siècle avec des passerelles entre chaque « espace de découverte »
- en développant des activités réelles, des projets, des expériences des « unités éducatives » en lien avec le monde du travail en fonction des métiers accessibles dans le bassin d’emploi (professions de toutes natures : tertiaires, techniques, agricoles ; monde médical, professions libérales, fonction publique…).
Probablement que montrer les correspondances entre aptitudes personnelles et métiers, et les liens entre les métiers actuel et les besoins futurs de la société, donneraient aux élèves une vision plus précise et motivantes. Le détail des technologies et la mise en place de projets centrés sur celles-ci, ne devant venir à mon avis, qu’à l’issue d’un certain niveau de motivations.
Des forums regroupant chaque année des professionnels dans les établissements pourraient contribuer à approfondir cette connaissance des métiers dont les élèves n’ont qu’une vision le plus souvent abstraite, voire fantasmée.x
Evidemment, c'est plus facile de ne pas faire sortir les élèves et les maîtres de leur cocon… Et pourtant voir des vrais personnes au travail, plutôt que des communicants, ne serait-ce pas mieux ?
Il n'est pas certain cependant que dans un tel contexte, en connaître plus sur un métier, serve beaucoup l’intérêt que l'élève peut y porter. Une part d'inconnu est nécessaire pour la motivation et le rêve; ou en tout cas pour le préserver d'une réalité trop cru qui servirait de prétextes pour s'en détourner.
Puis on fond il y a un non-dit atroce : on ne va entendre parler que des entreprises locales ! Pas très inspirant, à l’heure ou la mobilité dans le travail est devenue une nécessité !
Afin de sensibiliser les enseignants à cette problématique, tout professeur devra avoir effectué un stage en entreprise au cours de sa formation. Une implication dans l’ensemble du dispositif de l’établissement permettra par ailleurs une connaissance en temps réel de professions en constante évolution.
Non pas de stage du professeur en entreprise, il y va de son indépendance. Par ailleurs le bassiner avec la philosophie ou la culture de l'entreprise,c’est grotesque . Il est préférable que l’éducation nationale l’aide à cibler ses efforts sur la mesure de la relation entreprise - élèves, pour s'assurer qu'elle est formatrice et opérationnelle.
Toutes réflexions faites, 2 jours après avoir réagit spontanément à cette publication, j’en suis venu à rejeter l’idée de prendre en considération l’entreprise pour penser le futur.
Chacun sait que dans ce monde là, les projets sont à court-terme et qu’un horizon au delà de 5 ans est atteint seulement lorsque des contraintes de production l’imposent, comme dans l’industrie Aéronautique. La culture dominante du moment baignant dans la manie du zapping et de l’immédiat, en rajouter une couche avec la philosophie court-termiste !
Aujourd’hui, assurément le monde qui permet le mieux de penser le futur, c’est bien évidemment celui de la recherche. Il présente plusieurs avantages :
- Être à la pointe de la connaissance
- Être à la fois sur des projets à court-terme et à long-terme
- Être à l’échelle mondiale
- Présenter une diversité plus riche que le monde de l’entreprise et l’école
- Être en contact avec les entreprises
- Être capable de faire rêver et de générer du storytelling variés
Car quand on dit “penser le futur” peut-être vaudrait-il mieux penser à “aimer le futur”, d’abord et “le sentir” ensuite !? C’est pour quoi le monde de la recherche qui est un monde de spéculation, me semble plus apte à faire aimer ce futur que le monde de l’entreprise qui est un monde de routines et de procédures, où on vante le talent, mais sans jamais expliquer réellement à ce qui ne s’en trouvent pas, comment s’acquièrent ces talents !
Il s’agirait de faire connaître non seulement les enjeux de la recherche et ses résultats, mais aussi, ses difficultés, ses exploits, les démarches, et les espoirs, les coopérations et les compétitions…
Cette façon spéculative de présenter le futur, devrait être complétée d’une description des enjeux et des forces politiques qui tiraillent le monde, comme déjà signalé dans un des commentaires précédents, . En mêlant aux spéculations de la recherche des formes de spéculations ne portant pas seulement sur la connaissance, on se retrouve dans le monde d’un wargame à grande échelle : celui du monde global. Ne serait-il pas plus intéressant que n’importe quel Serious Game ?N’ayant pas trouvé opportun de faire venir l’entreprise dans l’école, je ne trouverais pas plus opportun de faire défiler les chercheurs à l’école pour gaver nos chers élèves de conférences. Ni bien sûr le contraire, d’envoyer les élèves dans les labos (qui bien souvent en France non rien à voir avec ce qu’on nous montre à la télé ! qui ne sont pas non plus des lieux très adaptés pour recevoir des personnes étrangères à leur service).
La solution la plus simple serait donc de mettre les enseignants eux mêmes en mesure de faire le pont entre ces mondes de la recherche, de la géopolitique et de la politique, et leurs élèves, pour les aider à aimer, sentir, et penser le futur.En conclusion, je crois que nous avons tout à gagner pour que les méthodes pédagogiques soient infléchies dans le sens de :
- donner aux maitres plus de matières et d’occasion de communiquer sur ces sujets d’avenir; plutôt de façon informelle et légère, en fonction des besoins des élèves, des occasions suggérées par les chapitres abordés au fil de programme officiel, en évitant de mettre en branle un système lourd ou contraignant pour les partie
- favoriser et organiser les échanges enseignants chercheurs de façon à éveiller en eux le gout de penser en stratèges et non en simples entrepreneurs.
Pour terminer, je me réfèrerais à un outil de décision que j’avais trouvé chez Dave Pollard. Sous une apparence rustique, il fixe, en essence, le cap que doivent se donner les adultes (d’abords parents, ensuite professeurs) pour préparer au mieux les enfants à choisir plus tard un métier :
- Permettre à l’enfant de découvrir et d’aimer le plus de choses possibles. Au sein d’une large palette de choses qu’il aime, l’enfant trouvera plus facilement des métiers qui l’attirent. Cela lui donnera un avantage capital. Parce quand on fait ce qu’on aime, on peut y consacrer volontiers plus de temps que les autres pour se perfectionner
- Permettre à l’enfant de découvrir le plus d’activité possibles qui lui permettront de mesurer l’étendue de ses dons naturels. En choisissant plus tard un métier qui correspond à ses aptitudes naturelles, l’enfant aura besoin de moins d’efforts que les autres pour être performant.
- Rendre l’enfant attentif à ce qu’attendent les autres, et en quoi il peux leur être utile, parce que avec une tel savoir-être, il trouvera plus facilement un métier lui permettant de gagner sa vie.
L’idéal étant qu’il puisse se trouver à la croisée des 3 exigences, comme l’explique le diagramme :
01:20 Publié dans A quoi ça sert | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook |
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