Zone franche - L'économie de l'attention (03/08/2011)

Un bon mot et on a de quoi philosopher ! Ce serait suffisant, s’il ne resterait plus en somme, qu’à trouver les bonnes façons d’agir !?

Blog Zone Franche de Gilles Martin ici
L'article sur l'économie de l'attention : ici

Attention

C'est un lieu commun aujourd'hui de dire que nous sommes passés d'une économie des biens matériels à une économie de l'immatériel. On parle d' " économie de l'information".

Pourtant, si on considère que l'économie étudie l'allocation de ressources marquée du sceau de la rareté, ce n'est pas d' "économie de l'information" dont nous devrions parler, car l'information, elle n'est pas rare, mais au contraire de plus en plus abondante. Nous croulons sous le déluge d'informations qui nous tombent dessus chaque jour. Ce qui est rare par contre, et de plus en plus difficile, c'est la capacité à trier là-dedans, c'est l'attention humaine nécessaire pour donner du sens à ce déluge d'information. C'est cette attention qui fait l'objet de la principale rareté.

C'est pourquoi Richard A. Lanham parle de " l'économie de l'attention", dans son ouvrage du même titre.

{…] Dans une économie de l'attention, ce qui compte, c'est d'attirer l'attention, c'est le style : la substance ( the stuff) et le style ( the fluff) ont inversé leur place : alors qu'auparavant ce qui comptait c'était la substance, le style n'étant que l'habillage, le superflu, pour faire passer la substance, dans une économie de l'attention, c'est le style ( the fluff) qui est prépondérant et qui donne toute la valeur. La substance n'est communiquée, et n'existe, que par le style :

" Plus nous avons accès à des informations, plus nous avons besoin de filtres, et l'un des modes de filtrage les plus puissants que nous ayons à notre disposition c'est le style".

Alors que nous sommes submergés par l'information, le style est ce qui sert d'accroche pour capter notre précieuse attention.Et il sert aussi de filtre pour sélectionner le canal de communication qui a la meilleure chance de me plaire. […]

Richard Lanham distingue deux pôles, dans les signaux que nous émettons ou recevons : un pôle " through", qui correspond à la conscience minimale du medium expressif; et un pôle " at", qui correspond à la conscience maximale de la manière dont nous exprimons ce que nous faisons. Ainsi, quand je prend plaisir à lire un livre en me laissant captiver par l'intrigue, je suis dans le "through"; ( la substance - le stuff - est prépondérante) alors que si j'analyse la forme des phrases, la composition, les mots employés, je suis dans le " at" ( le style - le fluff - est prépondérant).

Nous passons plus ou moins facilement d'une posture à l'autre, de " through" à " at". {…]

C'est précisément en allant chercher cette posture "at" que l'on s'immerge dans l'économie de l'attention, et ce sont ceux qui parviennent à y entrer qui sont les plus efficaces.[…]

Cela signifie être capable de regarder les questions et les choses de plusieurs points de vue. L'économie de l'attention nous donne de nombreux moyens pour le faire; le développement des technologies, des supports digitaux pour communiquer, le mélange des images, des textes, des sons, permet des compositions trés développées pour les messages […].

A titre d'exercice, il nous propose de repérer nous-mêmes des moments, dans notre travail par exemple, où nous avons besoin d'être " through", et des moments où nous devons être "at". Et est-ce que c'est difficile de le faire ?

[…]

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